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Inde La coopérative Amul fait vivre plus de 3 millions de fermiers

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- Il y a quatorze ans, Ramilaben n'avait qu'une seule richesse : sa vache. Elle la trayait tous les jours, à l'arrière de sa maison, pour approvisionner toute sa communauté en lait. En 2000, Ramilaben prend une décision : elle livrera son lait à Amul, la coopérative du Gujarat (à l'ouest du pays). C'est alors que tout s'enclenche. L'agricultrice obtient un prêt de la banque et achète cinq vaches... Aujourd'hui, sa ferme compte 280 bovins et produit chaque année 550 000 litres de lait. Tous les fermiers du Gujarat n'ont pas connu la même « success story » mais nombre d'entre eux doivent à Amul d'être sortis de la misère.

« Sur un Etat de 60 millions de personnes, Amul fait vivre près de 3 millions de fermiers et leur famille, soit 16 millions d'individus », se félicite R.S. Sodhi, son dirigeant. Par exemple, Gopal possède deux buffles. « Tous les jours, je livre 6 à 10 litres de lait à la coopérative. En retour, elle me paie, selon la qualité, 30 à 40 cents (roupies) le litre », raconte le fermier.

- Fondée par Verghese Kurien, le « père de la révolution blanche » (1), Amul naît en 1949 à Anand, au Gujarat, en réaction à l'exploitation des petits producteurs par la seule et unique grande laiterie de la région. « Ce visionnaire a permis à l'Inde de devenir le premier producteur mondial de lait, raconte l'homme d'affaires Ratan N. Tata. Il a développé toute une chaîne logistique pour livrer un lait nutritif, dans des conditions sanitaires correctes, à des milliers de personnes. Il a créé l'une des premières marques agroalimentaires du pays. » Aujourd'hui, ce modèle a essaimé dans tout le pays. Il fédère près de 10 millions d'agriculteurs, compte environ 200 laiteries desquelles sortent tous les jours plus de 20 millions de litres de lait (10 % des volumes totaux).

- Saura-t-il pour autant résister au temps ? Les défis sont nombreux. A commencer par la concurrence des multinationales. « L'Inde est le premier marché laitier mondial (16 % de la consommation mondiale), souligne R.S. Sodhi. Il est naturel qu'elle attire des investisseurs du monde entier. » Toutefois, les craintes de voir leur modèle s'exporter en Inde ne sont pas infondées. « Ici, sur la vente d'un litre de lait, environ 80 % du prix va dans la poche du fermier, contre seulement 30 % en Europe », ajoute-t-il. La raison ? Le poids des intermédiaires. « Les grandes surfaces ne se sont pas encore attribué les marges qu'elles s'octroient en Europe. » Mais jusqu'à quand ?

(1) En 1974, afin d'augmenter sa production de lait, l'Inde lance un programme de production laitière en coopérative contrôlé par les agriculteurs.

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